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Mimi Perraud a failli accoucher dans son épicerie

 

            C’est avec beaucoup de tendresse que Michèle Perraud, baptisée d’abord Marie, puis Mimi, ou encore la grise, par ses clients, se souvient de son parcours de commerçante à Villefranche.

 

             « Si aujourd’hui je profite de mes trois enfants, six petits-enfants et bientôt de mon arrière petit-enfant, j’ai vécu des années de dur labeur, mais d’intense bonheur avec mon époux Robert. Nous avons pris l’épicerie de la rue grenette le 31 mars 1966. Robert étant un comique, nous avons voulu éviter de débuter le 1er avril, afin que nos amis ne croient pas à une blague. J’ai eu mon premier enfant le 11 mai suivant. Pour ma fille en 1970, j’étais seule à la boutique ce vendredi. Une amie est arrivée et m’a conduite à l’hôpital me trouvant mauvaise mine : il était temps car j’ai accouché sur le champ ! J’ai eu mes trois enfants tout en tenant le commerce,  car on ne regardait ni les heures ni la fatigue, tout en laissant une large place à l’amusement,  et ce,  grâce à une extrême complicité.

 

           Notre épicerie s’appelait « Le petit Maréchal » en référence au nom de l’entreprise Maréchal de Lyon qui nous avait aidée  au financement, jusqu’au 31 décembre 1985. Puis, alors qu’en ville il y  avait autant d’épiceries que de bars,  nous ne faisions plus le poids vis-à-vis des grandes surfaces et avons opté pour l’achat d’ un bar en reprenant le bar  La Cigale,  le 2 janvier 1986. Pourtant les idées pour attirer la clientèle à l’épicerie ne manquaient pas. Nos journées s’étiraient de 6 h 30 à 21 heures du lundi au samedi. Mon mari affichait le prix des légumes en écrivant des fautes énormes comme haricots « arico » afin que les clients offusqués s’arrêtent devant la vitrine et finissent par entrer !

 

          Tous les matins, nous faisions un casse-croûte dans l’arrière boutique avec une dizaine de convives et le facteur du quartier dont l’épouse était catastrophée du manque d’appétit de son mari pour les repas de midi !  Une cliente nous faisait des terrines, nous l’avions surnommée « mamie terrine », ou bien on nous apportait du vin !

 

         Les blagues fusaient chaque jour. La vie fut un peu différente avec le bar que nous avons gardé pendant dix-huit ans, dans un esprit naturel de café-théâtre. Pour les primeurs, nous louions 800 à 900 verres, car le bar étant plein à craquer et  nous avions du mal à servir et à assurer la vaisselle, malgré l’aide de nos enfants.  Nous fermions à trois heures du matin  pour rouvrir trois heures plus tard.  J’ai gardé des amitiés notamment avec les jeunes conscrits dont j’étais la maman de substitution,  qui m’invitent encore à leurs mariages ou aux baptêmes. Ils me rappellent que  je m’improvisais couturière pour reprendre un ourlet ou un bouton !  Les classes ainsi que l’interclasse, me convient à des retrouvailles. J’ai aussi des contacts amicaux avec nos anciens collègues comme la Colonne, ou Gérard Tripier notre ancien voisin qui a troqué l’hôtel de Bourgogne contre la Baroulette. Notre groupe d’amis «  le G8 » nom qui  perdure car nous suivions l’actualité à la lettre, comme lors du grand et retentissant mariage en référence à Coluche et Le Luron, une fête spectaculaire autant qu’ inoubliable. Tant de souvenirs qui réchauffent le cœur et que l’on m’évoque bien souvent. »



12/12/2010
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