~~ CALADINFO ~~

         Les jours se suivent et se ressemblent, avec du gris annoncé pour une partie de la journée, nous faisant nous questionner si, en raison de ce confinement déconfiné par phases, le calendrier ne s'était pas trompé de saison, dans notre région beaujolaise !

Le covid aurait-il semé le trouble jusqu'à la mémoire de météo France, réservant son soleil pour le sud, sans toutefois épargner quelques violents orages ciblés ?

Les affrontements dijonnais de ces derniers jours ont toutefois permis à une majorité de français et surtout aux hommes politiques et aux journalistes des chaînes info, de découvrir qu'il existait des « quartiers prioritaires de la ville » dans lesquels il se passait de drôles de chose ! Chacun de lancer ses paris sur ce qu'il faudrait faire, sur ce qu'il aurait fallu faire, tandis que s'apesentir vraiment sur le sort des quartiers devenait subitement une urgence, avec ces phénomènes inconnus pour lesquels on aurait pourtant des solutions faciles !

Ces quartiers ignorés parce que contagieux, dans lesquels on « parquait la racaille » pour ensuite s'en laver les mains !

Sauf que de la racaille il y en a partout, disséminée, fait de société, mais que l'on s'attache à penser que dans les quartiers, il est de bon ton de montrer du doigt l'ensemble de cette population de « crève-la-faim » , étiquette collée une fois pour toutes !

J'en arrive à mon propos du jour : notre héroïne : Lucienne, 91 ans !

Elle, si discrète, va tomber des nues en lisant mon post ! Lucienne habite le quartier depuis aussi longtemps que nécessaire, arrivée à cette époque du belleroche béni, le Résidentiel de la ville ! Cet ilôt de verdure et ses appartements bien plus beaux que ceux du centre ville, avec tout le confort, et quand on a une tribu d'enfants, le paradis !

Les voisins multicolores mais sympathiques, avec lesquels on vivait en famille, où comme Lucienne, on partaît à l'usine à mobylette ou à vélo, sans se les faire faucher, jusqu'à la retraite !

Comme des milliers d'autres locataires puisque nous sommes plus de cinq mille sur le plateau, Lucienne ne voudrait pas s'en aller, et où d'ailleurs puisque la délinquance ne connait pas les frontières ? On ne peut refaire l'histoire de plus de 40 ans de politique des quartiers qui aurait pu réussir si on avait placé l'humain avant le béton, mis suffisamment d'éducateurs, suivi le parcours des jeunes au lieu de les surveiller, tout en les aidant à comprendre, à apprendre, à rester sur le bon chemin !

Pourquoi et quand à t-on baissé les bras,cela revient dans nos discussions entre conseillers citoyens ? Toujours est-il que Lucienne a élevé ses enfants dans le respect et dans les valeurs de la République, et que, si elle préfère vivre seule chez elle en femme indépendante, mais avec toujours bien des amis dans son entourage, ses enfants sont à l'écoute, au quotidien !

A tel point qu'elle est entrée dans la vie associative, s'est mise, grâce à sa progéniture, aux sms, à internet, à facebook, et manie le tout avec entrain ! Un régal qui fait qu'elle suit ainsi, y compris pendant les périodes plus fragiles au plan santé, et pendant ce confinement, ce qui se passe dans le quartier, me faisant ses commentaires.... sur mon blog !

Notre Lucienne, toujours pimpante et élégante, va fêter ses 91 ans avec ses enfants, et poursuivra sa route avec son éternel sourire, en attendant que le covid nous permette de repartir sur les routes, pour ces sorties de locataires dont elle est friande !

Quand on a l'habitude de travailler beaucoup, on ne sait pas rester les deux pieds dans le même sabot, et Lucienne avance, quoiqu'il arrive, un exemple pour les personnes dites « âgées », ne se plaignant jamais, heureuse d'être sur ses deux jambes et appréciant ce simple bonheur !

Bravo ma Lucienne et pardonne-moi de te sortir de l'anonymat...hors quartier !

Marie-France Balandras