Samedi 25 avril 2020 - 40e jour de confinement - Pierre Tamain a retrouvé son Eden
Samedi 25 avril 2020 – 40e jour de confinement - 16 jours
Pardonnez-moi de consacrer cet édito à Pierrot ! Pierre Tamain a retrouvé son Eden !
Pierre Tamain est parti vers « La grande inconnue » un des titres de son recueil de poésies l'Eden retrouvé publié en 1998 : « A l'improviste, tu sortiras de l'ombre comme une esquisse de la tombe. La mort hospitalière se colle à notre flanc, telle une souricière au teint blanc »
« Cimetières, villes immenses, dépotoirs de déchets humains, jardins artificiels qui mèneraient au paradis ? Vous engraissez la terre de vies passagères qui font mine d'exister des siècles de Toussaints ! »
« Pour nourrir la mort, mets ton plus beau complet et goûte sans remords le néant complet...Ton cerveau que l'on incinère est un livre épuisé, spectre valétudinaire, décomposé ! » « Scintille une lueur d'espoir losqu'un cierge allume sa croyance mais la mort agenouillée se joue de l'existence « Les éloges au défunt, discours stérile, rouvrent la plaie, écorchent la faiblesse d'une dignité à figure humaine. Une main réconfortante posée sur l'épaule est ressentie pourtant comme un pesant fardeau. Larmes envahissantes, trop éphémères pour durer une éternité. Le voile noir du deuil, porté en public, illustre t'il la face pudique ou ostentatoire d'un souvenir temporaire prêt à tout oublier ! Le mort entre en smoking dans la « boîte de nuit ».
Mais à peine vient-il de prendre congé que la messe de Requiem s'élève dans la cathédrale pour accompagner l'âme envolée....Passeport avec visa pour le pugatoire... »
Pourquoi avais-tu tant écrit sur la mort, ce chapitre « L'impasse » ? Je n'ai jamais pensé à te poser la question et aurais-tu répondu ? J'ai repensé brusquement à cet ouvrage de poésies, parmi tous tes écrits, et ces vers ou proses me sont revenues sous un autre angle ! La mort ? Une fascination ? Ou alors à la mémoire de ce Paradis comme tu décris le caveau familial entretenu au fil des ans « Mère j'irai chanter sur ta tombe, par enthousiasme, ne pensant qu'à toi !..Je goûte le printemps à ton chevet, en osmose avec le lilas mauve et le muguet de jardin qui parfume notre univers », écrivais-tu ! Et tu as baptisé ta maison devenue maison d'édition « Au lilas mauve » !
Dieu sait, en dehors de cette parenthèse qui pourtant tenait un rôle capital dans ton existence, qu'en ce qui concernait le beaujolais tu étais intarissable et tu te complaisais à noter chaque détail de cet univers de la vigne, dans tes ouvrages dont nous serons les bienheureux héritiers !
J'avais souhaité, sur le numéro du « Nouveau de Benjamin Solly » dont tu ne manquais jamais aucun numéro, parler de toi à propos de ton onzième ouvrage qui eut un joli succès « La braguette révélatrice », en février 2017 ! Tu avais le sens de la provoque et je parie que tu riais tout seul en écrivant, comme tu riais en l'évoquant ! La grivoiserie, tu en connaissais un rayon ! Tu disais en évoquant les vendanges « C'est la plus grande agence matrimoniale de tous les temps ! » Tu te régalais des histoires Clochemerlesques, et si dans tes écrits on pouvait reconnaître certaines situations plus cocasses les unes que les autres, tu modifiais les noms pour ne pas faire de peine, mais riant sous cape, parce qu'elles reflétaient la vie tout simplement et l'amour de la terre !
Avec ton frère Michel qui lui, prenait des photos, les caveaux et bistrots du beaujolais autant que les manifestations en lien avec la région si chère à vos deux coeurs, n'avaient plus de secrets pour vous !
Alors non seulement tu nous quittes, mais on ne pourra même pas te rendre un dernier hommage, comme le beaujolais l'aurait fait en temps normal, sauf que là, le confinement nous contraint à penser que tu vas entrer sans nous dans « la boîte de nuit », et que nous ne te souhaiterons plus une large soif ! Les leveurs de coude sont aujourd'hui orphelins !
Le beaujolais confiné, les ceps sans visites pour apprécier les premières feuilles d'un printemps précoce, le manque de bras pour les dorloter, les caveaux vides de tout visiteur et de tout amoureux de ses nectars ! Qui aurait pensé à une telle désolation ? Triste, comme ton départ !
Marie-France Balandras
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